Littérature – Bilan 52 livres / 52 semaines 2017.

20180102_140247.jpg
Les livres (Julie G.)

L’année ne commence pas vraiment avec cet article, qui n’est en réalité qu’une copie de la page dédiée à mon défi lecture 2017. J’avais fait une sorte d’article de mi-parcours pour « analyser » l’avancée des lectures, voir comment ça se passait aussi sur le long terme la résistance au rythme … 52 livres / 52 semaines quelques semaines plus tard. Même si ça n’a pas été facile toute l’année, j’ai aimé ce défi qui m’a permis de découvrir plein de livres, surtout dans nos contemporains, car globalement j’ai aimé tous les livres que j’ai lu.

La liste des lectures du Défi lecture 2017.

Journal, pages choisies, Eugène Delacroix, éditions Mille et une nuits, 88 p. (3€)
Les extraits du journal d’Eugène Delacroix, nous donnent la possibilité d’être dans l’esprit du grand peintre. On y découvre alors des commentaires liés à son art, la peinture, ainsi que quelques réflexions sur les techniques, les couleurs, les conditions … Delacroix offre même des descriptions très précises, permettant à la lecture d’imaginer les œuvres. Il y raconte quelques paysages de voyage, le Maroc, les séjours à Dieppe dans le nord. Toutefois, passé les pages sur la peinture, on découvre un Delacroix plus « réactionnaire » qu’on ne pourrait le penser ? L’homme égratigne son image, involontairement je présume, en exaltant un temps loin de la modernité, critiquant l’avènement des machines pour alléger la charge de travail des travailleurs… Delacroix nous semble préoccupé également par le statut du peintre, notamment de sa place auprès des publics. Il évoque souvent l’écrivain, le poète comparant leurs réalisations. Ce petit bouquin de quelques pages demande toutefois une certaine concentration à la lecture, entre pistes de réflexions sur l’art et analyses de son temps, Delacroix devient un autre personnage.

Tant que nous sommes vivants, Anne-Laure Bondoux, éditions Gallimard, 299 p. (15€)
Nous suivons essentiellement deux personnages, Hama et Bo, sur toute leur vie, de leur rencontre à l’éveil de leur famille. Le début du livre, première et deuxième partie, a quelque chose de tout à fait rationnel, elle raconte l’histoire d’amour entremêlée d’un évènement bouleversant le cour des choses. La description du monde ouvrier, du décor qui pourrait coller à l’histoire du Nord de la France, des hauts et bas de certaines personnes donne un cadre réaliste et plausible au récit. Toutefois, on ne sait pas vraiment où se situe l’histoire, faisant à la fois une aventure universelle et un récit presque abstrait où on se demande si l’auteur n’a pas collé les éléments de la France dans un univers asiatique. Le personnage féminin est très touchant et attachant, on le sent fragile tout en étant une force de caractère impressionnante. On a tantôt envie de le protéger, que tout aille bien pour elle, tantôt envie un peu de lui ressembler. Il y a d’ailleurs un passage, très bref où l’émotion monte jusqu’à nous, lorsque Hama quitte « Quatre », sa maman de substitution lors de son accouchement. Dans une grosse deuxième moitié de livre, on passe plutôt dans un ambiance baignant dans la magie ou les croyances traditionnelles provenant de l’Asie. On s’interroge presque du lien avec le début puisqu’il y a le sentiment d’un nouveau livre qui commence à ce moment-là. Toutefois, même si c’est perturbant, on se sent aussi poussé par la curiosité, et le suspense nous tient jusqu’à la fin du livre. L’entrée en piste de l’enfant du couple à la narration déplace le point de vue et ajoute beaucoup au récit, on revit certaines choses sous un autre angle ce qui réanime la lecture. Il est parfois difficile de savoir si on adhère au contenu ou si on se sent éloigné, toutefois revenir lire quelques pages pour avancer est un véritable plaisir, montrant peut-être la réussite du livre. La fin peut paraître un peu décevante, pas de surprise de dernière minute affrontant l’idée qu’on construit depuis le début. Mais la métaphore qui s’est déroulée tout au long du livre trouve tout à fait sa logique. Ainsi, la boucle effectuée entre le départ de Hama et Bo et l’arrivée de l’enfant au même endroit que les premières lignes du livre, permet d’interroger le rôle des racines, du hasard parfois et le cheminement qui relie parents et enfants. L’histoire est belle, tourmentée et parfois aventureuse, on se rend compte en refermant le livre qu’on s’est attaché à ces personnages et que c’est plus difficile qu’on le croit de les quitter.

Le naufrage du Titan, Morgan Robertson, Corsaire éditions, 171 p. (env. 15-18€)
L’histoire nous fait suivre un marin désargenté, dégradé et alcoolique, John Rowland, sur le paquebot Titan en proie au retour d’un ancien amour. Au coeur de cette histoire d’amour pas si centrale que cela, la description du monde marin et surtout du fonctionnement d’un navire donne une bonne vision de ce qu’il se passait dessus. Si ce livre, passé inaperçu en son temps, attire notre lecture c’est parce que ce paquebot insubmersible et gigantesque fictif trouve un frère jumeau dans la tragédie du Titanic en 1912. Si le récit du naufrage, les caractéristiques du navire et le contexte est assez troublant, il n’y a cependant pas de similitude flagrante. Par ailleurs, ne pas s’attendre non plus à un récit digne du film de James Cameron. Cette histoire là toutefois, a quelques atouts intéressants retenant le lecteur dans l’aventure. Notre personnage, un peu victime d’une multitude d’autres personnages, vit une aventure palpitante. Témoin d’un accident maritime entre le Titan et un autre navire, qui coulera, il est surveillé et malmené par les coupables, soit les « grands chefs » du paquebot, pour ne pas en faire un témoin fiable. Nouveau poste, tentation de l’alcool et surtout la drogue qu’on lui inflige secrètement pour détraquer son cerveau. Le passage sur le choc avec iceberg et le naufrage occupe une place minime et est réglé en quelques lignes. Un peu décevant, lorsqu’on s’attendait à de grosses similitudes avec son frère Titanic. La suite de l’histoire continue de suivre John Rowland, sa survie sur une étendue de glace avec l’enfant de son ancienne amour, son combat contre un ours et ses blessures de « guerrier ». Après un sauvetage inespéré, l’aventure continue jusqu’à New-York pour lui et l’enfant à rendre à sa mère, survivante elle aussi mais pas sauver de la même manière. Un hic à souligner, dû au contexte de l’époque, le portait quelque peu antisémite d’un personnage, choc notre monde contemporain. Si j’ai commencé le livre avec l’histoire du Titanic en 1912 en tête, la lecture m’a permis de laisser de la place à ce roman pour son contenu propre. Cette histoire, sans grand écho en 1898, a pourtant le mérite d’offrir un peu de suspense, et  le récit original nous retient. Finalement, ce livre a peut-être tenté d’alerter le monde marin sur les catastrophes possibles, les risques provenant des lois et réglementations de son temps et un peu de l’impacte des actions humaines.

Vice et Versailles, crimes, trahisons et autres empoisonnements au palais du Roi-Soleil, Alain Baraton, éditions le livre de poche, 175 p. (6,10€)
Le livre est découpé en 14 chapitres, complétés d’une conclusion où l’auteur évoque différents vices versaillais. Toutefois, on sent également une continuité entre chaque chapitre, à la manière d’un roman découpé. Au travers de la lecture, l’auteur, qui est jardinier à Versailles, transmet son amour du lieu, de son métier aussi et semble nous faire partager les privilèges qui sont les siens lorsque le château est fermé. Le récit est intéressant, même si parfois on sent que l’auteur peine à rattacher correctement son anecdote au château royal. On découvre toutefois bon nombre d’éléments, surtout sur la vie contemporaine de Versailles. Coup de chapeau à l’auteur pour son attachement à rendre justice au visage noir de Versailles, à travers les nombreuses pertes humaines liées à sa construction et aussi aux faits de l’Histoire, tels les guerres. Intéressant également car la plume est sérieuse, renseignée et claire sans avoir le poids d’un récit d’historien. On se sent à la limite de la « vulgarisation » de l’Histoire par un passionné. Le livre tangue entre informations très célèbres et petites anecdotes exclusives, permettant sans doute de voir Versailles autrement. Que cela soit raconté par un homme qui fait quotidiennement Versailles, rend le livre émouvant car le regard est presque amoureux.

Premier combat, Jean Moulin, éditions de minuit, 172 p. (11,50€) Article traitant de la lecture du livre.

Rien ne s’oppose à la nuit, Delphine de Vigan, éditions livre de poche, 401 p. (7,90€) Article traitant de la lecture du livre.

Sherlock Holmes : son dernier coup d’archet, Arthur Conan Doyle, éditions Robert Laffont, 43 p. (2€).
Une histoire courte, présentant Sherlock Holmes dans le contexte de la 1ere guerre mondiale imminente. J’ai été un peu déçu de ne voir réellement Sherlock que sur la fin du récit, on ne se rend pas compte qu’on le suit depuis le début car il est dans un autre rôle mais du coup on n’a pas l’impression de vivre l’aventure avec lui. C’est un peu banal comme enquête contrairement à ce qu’on connait de lui avec les œuvres précédentes, mais on sent aussi qu’elle est la dernière et c’est un peu touchant.

Damia, Francesco Rapazzini, éditions Perrin, 360 p. (22€)
Cette biographie nous permet de suivre l’artiste sur toute sa vie, de comprendre son parcours à travers les heures de l’enfance, ses galères parisiennes pour percer dans le métier, la gloire et le succès au fil des décennies puis le retour peu à peu à l’ombre. On découvre en lisant tout le décor d’une époque, presque d’un monde tellement loin de nous maintenant qu’on trouve parfois difficile d’entrer dans la lecture, des tas de noms viennent à nous sans grande connaissance. On découvre aussi ce que l’artiste a inventé, son jeu de scène, son style, sa mise en lumière et ses chansons réalistes se fondant toutes entières dans leur temps. Ce livre, dont la lecture a été un peu difficile, raconte une vie étroitement liée à l’évolution d’un monde, à l’éclosion des chansons et aussi aux rencontres, c’est aussi un caractère, des drames ou angoisses qui dessinent Damia. Une lecture difficile car trop loin de nous sans doute, mais le sujet, le coeur du livre est très prenant pour qui aime l’aube du 20ème siècle. Les chansons de Damia font encore écho aujourd’hui, elles parlent d’une telle manière que les lignes sont universelles, et ont traversé le siècle pour ressortir dans quelques chanteurs contemporains. La chanson réaliste fait du quotidien des quartiers populaires sa vérité, parfois dramatique, emprisonnée dans une misère du corps et du coeur. Une chanson réaliste né de la voix d’Aristide Bruant poursuivit dans celle de Damia « tragédienne de la chanson française ».

Van Gogh le suicidé de la société, Antonin Artaud, éditions Gallimard, 94 p. (7,50€).
Livre difficile à lire tant la pensée de l’auteur est propre à lui-même. Je n’ai peut-être pas la maturité intellectuelle ou une ouverture d’esprit pas assez grande, mais j’ai eu envie d’abandonner le livre. Première lecture pesante donc depuis le début, un sentiment d’impuissance malgré le fait que j’ai tenté de m’accrocher. Je n’ai pas terminé le livre, préférant me reposer la tête pour débuter une nouvelle lecture la semaine suivante. Le sujet de la folie traité par un auteur ayant fait des séjours en asile psychiatrique, au delà d’être un point de vue original et intéressant, se perd dès lorsqu’on entre dans les considérations de « définition de la folie », autrement dit qui est vraiment fou et de quel point de vue. Le sujet ne m’étant pas familier, Van Gogh, je n’ai pas senti de « connexion » avec ce que je lisais. Je le relirais dans quelques temps, avec encore quelques années de plus, cela me paraîtra peut-être plus accessible.

L’amie prodigieuse, Elena Ferrante, éditions folio, 430 p. (8,20€)
LECTURE SUSPENDUE
La cache, Christophe Boltanski, éditions folio, 329 p. (7,70€) Article traitant du livre.

No et moi, Delphine de Vigan, éditions le livre de poche, 250 p. (6,30€) Article traitant du livre.

Poèmes à Lou, Guillaume Apollinaire, éditions Gallimard, 231 p. (7,30€)
Doux comme un souvenir de salle de classe au collège, « Lou » m’a marqué et relire ces mots d’amour en poésie est un délice. Apollinaire est l’un de nos meilleurs poète, ce recueil est un bel hommage à une femme, aux sentiments et à l’amour. C’est aussi une petite page d’histoire, à travers les yeux d’un parmi tant d’autres, lorsqu’on lit les poèmes envoyés du front de la Grande guerre.

Jules et Jim, Henri-Pierre Roché, éditions folio, (7,20€) Article traitant de la lecture de ce livre.

Les marraines du crime, Diane Ducret, éditions pocket, 460 p. (8€)
Lecture passionnante et instructive. Si on connait bien les hommes du crime, notamment Al Capone, on ignore beaucoup le rôle des femmes dans cette vaste entreprise. L’écriture intelligente ne se limite pas à parler des femmes seules, mais à les intégrer, relier à l’histoire du crime américain et aux hommes. Ainsi à travers elles, on les rencontre un peu plus eux, on voit leur vie dans l’ombre, leurs souffrances, complicités, la force de l’amour ou la folie peut-être. L’histoire fil rouge est bien sûr celle de Capone et sa femme Mae, mais on découvre de nombreuses autres « marraines », ainsi que le très célèbre duo Bonnie et Clyde par exemple, façonné et raconté tant de fois en films, séries ou chansons. Si la violence de cette grosse période du crime est racontée, on tombe plutôt dans l’intime, le secret avec en prime quelques témoignages montrant que toutes ces personnes n’ont pas été totalement inaccessibles. A la lecture, il nous arrive d’être touché, sensible à ces femmes mais parfois même aux hommes, j’ignorais totalement la fin de vie de Capone et avec ce livre on a presque envie de dire « bichette ». Si le livre veut donner vie aux femmes de l’ombre, ce qui est bien réussi, il est aussi un bon condensé de l’histoire de cette période, avec une mise en lumière des villes dans une face obscure tantôt fascinante, tantôt effrayante, mais qui nous rappelle à quel point les choses évoluent. On sent également que l’écriture a été renseigné, enquêté et réfléchi, pour faire un livre sérieux et sincère, un livre intelligent et fin. Belle découverte de Diane Ducret.

Perceval ou le Conte du Graal, Chrétien de Troyes, éditions librio, 144 p. (2€)

La rose d’Anjou, le crépuscule des rois (tome 1), Catherine Hermary-Vieille, éditions livre de poche, 437 p. (7,10€)

Paris sera toujours une fête, collectif, éditions folio, (2€)
Un livre qui célèbre la ville lumière à travers quelques grands textes de la littérature. Une vision personnelle de l’auteure du projet, mais qui permet de retrouver une ville de fête, joyeuse et poétique, après une année 2015 sombre et triste. Hommage donc à une ville et ses histoires, ses auteurs qui lui ont offert quelques lettres de noblesse.

Vous n’aurez pas ma haine, Antoine Leiris, éditions le livre de poche, 124 p. (3,9€)
Récit poignant, doux et pudique sur le drame d’une vie. Antoine Leiris, qui avait posté en ligne sa lettre « vous n’aurez pas ma haine », fait ici le récit de la reconstruction ou du moins du début de la reconstruction. C’est un regard intime qui ne s’expose pas à tout va, mais au contraire qui montre comment les vivants poussent à tenir le coup, comment son enfant dans son innocence se révèle être le chef d’orchestre de son courage. Si Antoine Leiris s’interroge un peu sur le rôle qui lui incombe, il montre à quel point dans le drame il a su trouver la force de faire avancer la vie plus que toute autre chose. Ce livre de 124 pages nous laisse une vision lavée de toutes les impuretés de l’information publique, pour nommer les émotions, les craintes, le combat avec soi-même et pour sublimer sans excès l’amour. Livre à découvrir absolument.

Les contemplations, Victor Hugo, éditions folio

Damien Saez à corps et à cris, Romain Lejeune, éditions braquages (15,50€) [relecture]
Premier ouvrage consacré à l’artiste, on découvre quelques éléments de son parcours, de sa vie et de sa carrière, au rythme de divers confidences de son entourage ou de lui-même. Si on apprend certaines choses, on regrette un peu que le livre n’ouvre pas plus la porte sur le processus de création de Saez, ses inspirations, sa manière de travailler. A l’inverse, certains passages plus privés nous apportent de petites précisions sur certaines chansons, nous aident à comprendre certaines facettes du personnage tout en étant encore trop flou. On sait comme l’artiste est d’un naturel discret, ainsi le livre ne livre pas de grands secrets mais distille de petits faits sur la vie personnelle plutôt que l’œuvre. Il faut toutefois saluer l’existence du livre, compte tenu justement de la discrétion de l’artiste, et le fait d’avoir pu l’approcher pour un tel projet, nous permet de faire grossir le rayon « Saez » dans nos bibliothèques. C’est donc un ouvrage à lire, mais il doit certainement exister une autre manière de parler de l’artiste pour valoriser cette fusion totale entre lui et son art.

Le peintre de la vie moderne, Charles Baudelaire, éditions mille et une nuits, 100 p. (3€)

Monographie et histoire de la ville de Saint-Etienne, Victor Jannesson, éditions de la Tour Gile, (2€ occasion).
Lecture choisie pour découvrir un peu plus l’histoire de ma ville, c’est intéressant à lire pour comprendre les caractéristiques et détails de ce qui fait parfois notre quotidien. On peut aussi y trouver l’histoire de l’allure de la ville, comprendre comment elle s’est construite, en allant dans telle ou telle direction, dans tel ou tel quartier. L’auteur en plus, est contemporain de la fin du 19e siècle, ce qui donne aussi un regard en immersion sur un temps. On sent naitre une nouvelle proximité avec son cadre de vie.

En attendant Bojangles, Oliver Bourdeaut, éditions folio, 172p. (6.60€) Article traitant de la lecture de ce livre.

Le livre de Perle, Tmothée de Fombelle, éditions gallimard jeunesse, 325p. (cadeau)
J’ai d’abord eu du mal à rentrer dedans car les premiers chapitres commencent dans le royaume des contes, des légendes où vivent fées et princes. Mais l’originalité du propos nous précipite dans notre monde, dans la quête d’un prince déchu de son monde des contes qui va passer sa vie à vouloir retourner dans sa vraie vie. Aussi on découvre alors dans cette seconde peau, le voyage extraordinaire de ce bonhomme, entremêlé à son passé, son présent et celui d’un petit garçon rencontré par hasard. Une très belle lecture en somme.

Petit lexique amoureux du théâtre, Philippe Torreton, éditons livre de poche, 243p. (6,60€)
Philippe Torreton, l’un de mes plus forts souvenir de télévision, au gré d’une série évoquant les Rois Maudits. J’avais été marqué par le personnage, dans son costume rouge flamboyant, et l’acteur dont j’ai gardé le nom précieusement pour la suite. Ici, nous avons un livre brillant, drôle et instructif sans être pédant. Il y a même quelques textes très touchants et beaux à lire, comme le lexique des mots tels que « mercis » ou encore « méthode » entre autres. On ressent, page après page, toute la passion du Monsieur pour son métier, un plaidoyer tout en douceur mais en véritable défense des théâtres, de l’aura artistique d’une telle pratique. Le livre témoigne aussi pour les comédiens, leur statut, les tracas et aléas du métier, les succès ou défaites, avec un mélange d’anecdotes personnelles mais tout en pudeur. Il y a aussi quelque chose d’un peu « militant » mais si ça ne vient pas des gens du théâtre eux-mêmes, qui d’autres ? C’est une lecture qui nous plonge dans les coulisses d’un monde qu’on ne côtoie qu’en tant que spectateur, quand toute la magie est déjà réglée et mise en place. Quelques pics envoyés directement vers le gouvernement en place à l’époque de la publication du livre. En somme, c’est aussi une tranche de regard porté sur la culture, sa place dans nos vies et son importance.

Dolce vita 1959-1979, Simonetta Greggio, éditions livre de poche, 343p. (cadeau)
Lorsque j’ai commencé le livre, je m’attendais à une sorte de chronique un peu journalistique, historique aussi peut-être, mais la forme du roman m’a beaucoup surpris. Le livre se lit en deux points de vue, le récit sur son lit de mort d’une vie mondaine de Prince italien « Malo », dans lequel se glissent quelques chapitres purement journalistiques racontant des faits de la grande histoire italienne entre 1959 et 1979. J’ai eu quelques difficultés à entrer dedans, perdue notamment sous les noms de nombreuses personnalités totalement inconnues pour moi, j’ai sans doute manqué de faire des connexions d’un chapitre à l’autre à cause de ça. Mais finalement, si le démarrage est long, on s’y prend, s’intéresse et on s’interroge aussi. Ce livre, s’il est une part roman, est surtout un miroir obscur d’une Italie perdue après la dernière guerre mondiale. Sortie perdante, achevée d’un conflit épuisant, écrasant, elle s’enfonce dans des décennies de terreurs et d’errances. Magouilles financières, lois du silence, Brigades rouges, Aldo Moro et même, en deux lignes Peppino Impastato. Un autre visage italien, à côté de celui flamboyant du « Made in Italia », des grandes heures du cinéma, de la chanson et d’autres prouesses audacieuses. Plaisant à lire, surtout les parties concernant les faits historiques, qui étant ancrés dans le réel, sont un peu plus parlant que le récit semi-fictif (l’auteure affirme que son personnage est la transformation d’une personne réelle) d’un personnage racontant sa vie entre-melée à la grande histoire. Un passage assez creux au cours du livre, concentré sur la vie sexuelle, et les scandales en provenant, mais rien de bien méchant quant à la lecture globale.

La littérature française en 150 citations, Sylvie Brunet, éditions first, 160p. (cadeau)
A lire, poser, reprendre, feuilleter petit à petit pour trouver une citation. Revenir en lire une autre et en comprendre un peu plus le sens, l’auteur et l’origine. Un petit livre fait pour nous accompagner, nous informer et conquérir les mots de la littérature pour ne plus se sentir démuni devant une citation lancée sans précisions, du moins si c’est une des 150 proposées ici. Plaisant, et surtout amusant, dès lorsqu’on constate l’emploi régulier de certaines d’en elles, comme une parole devenu un langage quotidien.

Into the wild, Jon Krakauer, éditions 10/18, 280 p. (7,50€) Article traitant de la lecture du livre.

L’instinct de vie, Patrick Pelloux, éditions cherche midi, 175p. (15€)
Le livre développe la survie à un évènement traumatisant, les étapes qu’on peut vivre ou ne pas connaitre. L’intérêt du point de vue est celui du médecin-victime, l’expérience médicale accolée au choc, à l’affrontement du drame. Patrick Pelloux remet des mots sur le drame de Charlie Hebdo avec un voile de pudeur qui protège toujours la mémoire des disparus.

Manet le secret, Sophie Chauveau, éditions folio, 487p. (8,20€) Article traitant de la lecture du livre.

Drive, James Sallis, éditions rivages/noir, 176p. (7,15€) Article traitant de la lecture du livre.

Comédie française, ça a débuté comme ça …, Fabrice Luchini, éditions j’ai lu, 205p. (7€)
Livre autobiographique de Fabrice Luchini, où le début rappelle sa « première » vie en tant que coiffeur, puis vient ensuite les auteurs qui l’ont marqué et avec lesquels il reste lié. C’est intéressant de lire quelques extraits de Rimbaud, Céline, La Fontaine ou encore Molière à travers l’esprit et la passion de Luchini, mais cela n’apporte pas toujours des explications plus convaincantes, si ce n’est dans sa vision à lui. Ce qui est sympathique avec ce livre, c’est de le lire en entendant page après page, la voix de Luchini. Son expression écrite reste proche de son oralité, et on l’entend nous lire le livre, rempli de sa passion, de son extravagance verbale.

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, Lee Harper, éditions livre de poche, 320p. (6€60)
L’histoire est racontée du point de vue de Scout, jeune fille de 8 ans habitant dans le comté de Maycomb en Alabama avec son père Atticus Finch et son grand frère Jem. Au début de la lecture, on ne comprend pas très bien où veut aller l’histoire, c’est une longue mise en place mais ça n’empêche pas que la lecture soit agréable. Aventure enfantine faite de jour d’école, d’expédition dans les rues, de jeux et secrets, de peurs aussi, le récit est rempli d’humour, de douceur et mélancolie. Deux intrigues majeurs : la maison de la famille Radley, dont l’un des membres Boo ne sort jamais, développant la curiosité et la crainte des deux enfants Finch, le procès d’un afro-américain accusé de viol par une jeune fille du comté, défendu par Atticus Finch mais accusé et condamné à tort. Le livre s’aventure dans le récit de l’Amérique des années 1930, dans la Grande Dépression et marquée par la ségrégation raciale. S’en suit alors une multitude de conséquences, à l’origine de l’évolution de la pensée et des convictions des deux enfants. On s’attache aux personnages, et notamment à la famille Finch. Ce récit d’un point des enfants fait écho à notre propre enfance, rappelant une certaine magie, soif de découverte, enrobée d’un appel à l’aventure dont le monde adulte enlève parfois la réalité. Teinté d’un air de roman policier, le récit du procès est très intéressant dans la manière dont il décrit la plaidoirie et la méthode d’Atticus Finch. Le dénouement se crispe dans une scène de nuit, laissant le suspense se glisser pendant quelques lignes. On peut regretter que le livre se termine si vite après cette scène de nuit, nous laissant un peu sur notre fin concernant le sort d’un personnage, même s’il est évident qu’il va bien. Peut-être aurions nous aimé avoir quelques éléments supplémentaires sur le ressenti, les jours suivants cet évènement. J’ai hâte de lire la suite publiée très tardivement « Va et poste une sentinelle ».

Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez, éditions points, 461p. (8,10€)
La lecture de ce livre a été si difficile, vide de passion et de motivation au cours des pages, que j’ai décidé de laisser tomber. Aussi je n’ai lu que 200 pages mais je n’ai rien ressenti pour me retenir dans la lecture, je me suis un peu forcée mais ça n’a pas suffit. L’histoire avait du potentiel, surtout à la lecture du résumé de quatrième de couverture, mais en 200 pages sur 460, je n’y ai pas retrouvé ce que je pensais lire. Peut-être que tout se débloque à la page 201 … On a aussi de nombreux personnages, peut-être trop, ce qui m’a aussi perdu, je n’arrivais pas toujours à replacer correctement les histoires, les liens, les familles. Toutefois, une chose intéressante dans l’univers du livre, cette facilité déconcertante de faire de la magie, des fantômes, de l’alchimie, quelque chose de normal pour les personnages. Ca ne surprend personne de voir les fantômes, qu’un homme se change en vipère … peut-être trace d’une culture plus sud-américaine.

Le revenant, Michael Punke, éditions livre de poche, 370p. (7,60€) Article traitant de la lecture du livre.

D’après une histoire vraie, Delphine de Vigan, éditions livre de poche, (7,90€)
Avec ce livre, Delphine de Vigan joue le jeu dangereux du vrai et du faux. Dans un roman porté par son propre personnage, elle séduit le lecteur, lui aspire confiance, l’oriente sur une voie pour le laisser glisser dans l’infime espace entre fiction et réalité. Cet entre-deux trouble, laisse planer un doute constant dans la mise en abîme d’un besoin de rédiger le livre suivant. Son personnage rencontre L., s’en suit alors une amitié, une enquête, un bouleversement dont nous sommes témoins puissants et impuissants. Qui est L ?

La tante d’Amérique, Léonardo Sciascia, éditions folio, 85 p. (2€)
L’histoire d’un enfant, vivant en Sicile dans un petit village. Son récit dépeint la fin de la Seconde guerre mondiale, avec l’arrivée notamment de l’armée américaine qui débarque en libérateur. Dans le livre, les yeux enfantins donnent un monde marqué par le fachisme, mais en marche vers la paix à venir. Il y a une forme d’innocence livrée sur des sujets graves propres à cette période, s’entremêle aussi un autre fait historique, le lien étroit entre les italiens encore au pays et ceux partis dans le nouveau monde. Le personnage de la tante, montre comment cette famille du bout du monde, vient à son tour perturber l’air tranquille de la Sicile, avec une vision différente et des valises pleines de produits parfaitement américain. Lecture plutôt rapide mais il semblerait intéressant de lire l’ensemble du recueil Les oncles de Sicile, dont est extrait ce texte pour cerner le contexte et surtout la continuité littéraire du travail de Sciascia.

L’attrape-coeurs, J.D.Sallinger, éditions pavillons poche, 246 p. (6€)
Un phrasé familier, parfois cru et sans filtre nous raconte trois jours à New-York. Holden, notre personnage, livre ces trois jours en guise de lien entre l’enfance et l’entrée dans l’âge adulte. Ce récit est le témoignage du désenchantement, lorsque peu à peu l’innocence de l’enfance s’en va, sans claquer la porte. Un simple récit ? Trois jours d’une violence surprenante pour la vie d’un môme, abordant alors des thèmes durs, loin d’un temps enfantin. Le livre nous parle, il s’adresse à l’autre, dont on ne sait plus qui il est vraiment, si ce n’est jusqu’au dénouement. Cela change un peu la donne ? Sans doute. Ce livre n’est pas un récit, c’est un naufrage qui parfois nous esquisse un sourire. Un très beau livre.

Va et poste une sentinelle, Harper Lee, éditions livre de poche, 349 p. (7€90) Article traitant de la lecture du livre.

Shutter Island, Dennis Lehane, éditions Rivages/Noir, 393p. (8,15€)  Article traitant de la lecture du livre.

De sang froid, Truman Capote, éditions Folio, 506 p. (€) Article traitant de la lecture du livre.

Driven, James Sallis, éditions Rivages/Noir, 175 p. (7,15€)
Le livre est la suite du phénoménal Drive de James Sallis, à l’origine du très acclamé film de Nicolas Winding Refn. Dans ce deuxième opus, le Driver a refait sa vie à Phoenix et semble vivre plus paisiblement loin de son métier de la nuit, mais aussi de celui de cascadeur pour le cinéma. Le livre ne nous épargne pas longtemps, puisque dans ce cadre presque idyllique, on découvre notamment que monsieur a une amoureuse, le drame revient très rapidement. Ainsi, le voilà attaqué en pleine rue, se défendant aisément, sa compagne est malheureusement tuée. A partir de là, notre Driver s’enfuit de nouveau, mais il est aussi décidé à savoir qui lui en veut, qui a tué sa compagne et pourquoi. L’intrigue est assez intéressante, la lecture est fluide même si l’effet n’est pas aussi réussi que dans le premier livre. Toutefois, lorsqu’on avance peu à peu dans une « enquête » trouble, l’élément de vérité vient à la fois nous surprendre, et à la fois montrer que le destin de notre personnage n’est finalement peut-être pas si décousu de son passé. Ainsi les deux livres viennent s’entrechoquer pour apporter une note un peu plus punchy. Un beau deuxième jet littéraire, on sent qu’on pourrait encore écrire des aventures à ce personnage troublant mais qu’on apprend à aimer, toutefois il semblerait bon de ne pas étaler le sujet. En effet, la beauté de cette histoire, est d’avoir eu le sentiment dans le premier livre (et le film par la même occasion) d’arriver dans une tranche de vie, ne pas tout savoir puis repartir sans avoir plus d’informations.

Un étranger dans le miroir, Anne Perry, éditions 10/18, 415 p. (offert pour 2 livres)
J’ai toujours apprécié les livres policiers, et lorsqu’ils sont transportés dans une autre époque historique, j’aime encore plus ! Ici, notre personnage est un policier anglais du milieu du 19e siècle, très doué et intelligent. Malheureusement dans cette enquête, le soucis est de taille … il a perdu la mémoire et se réveil à l’hôpital sans aucun souvenir pas même celui de son propre nom. Il doit alors allié son travail à sa mémoire défaillante, réapprendre presque son métier surtout quand il enquête auprès de personnes qu’il ne reconnait plus, bien qu’il les ait déjà fréquenté. Cet aspect là est intéressant car on a le sentiment que le personnage mis en difficulté, redécouvre sa propre personnalité d’un autre oeil et se juge en quelque sorte. De plus on se sent au même niveau d’informations que lui, et donc porté par ses doutes, idées, interrogations … Ici, il doit enquêter sur le meurtre d’un Lord, ancien soldat de la guerre de Crimée, assassiné très violemment à son domicile. Lecture appréciable, avec parfois le sentiment que je n’ai pas été plus emballée que cela, peut-être parce qu’il existe déjà de nombreux policiers atypiques en littérature (ou même film et série TV). Cela change un peu au cour de l’enquête surtout lorsque celle-ci est approche d’être résolue. Ainsi ces instants de suspense sont bien menés et nous entrainent facilement. Dans les aspects positifs, la description de la société anglaise, les convenances sociales, les aprioris et liens hiérarchiques sont bien retranscris et crédibles, étant parfois même plutôt énervant dans certains cas. J’ai découvert qu’il s’agissait du premier tome d’une série littéraire sur William Monk, notre policier amnésique, je ne sais pas si j’en lirais d’autres mais pourquoi pas si l’occasion se présente. Pas un coup de coeur mais une lecture agréable et plutôt facile.

Au revoir là-haut, Pierre Lemaitre, éditions Le livre de poche, 619 p. (8,60€) Article traitant de la lecture du livre.

Mon rêve d’or et de neige, Martin Fourcade, éditions Marabout, 219 p. (18,90€) Article traitant de la lecture du livre.

L’ultime défi de Sherlock Holmes, Michael Dibdin, éditions Rivages/Noir, 282 p. (8€) Article traitant de la lecture du livre.

Le problème final
(treize enquêtes élémentaires de Sherlock Holmes), Arthur Conan Doyle, éditions Librio policier, 20 p. / 348 p. (2€) > voir dans l’article dédié au livre précédent.

Gatsby le magnifique, Francis Scott Ftizgerald, éditions Folio, 203 p. (5€40)
Le livre est plutôt court, bizarrement je pensais qu’il s’agirait d’une histoire un peu plus longue. L’histoire centrée autour de Gatsby, est racontée par Nick Carraway jeune voisin arrivé fraîchement au bord du lac où se trouve la demeure du millionnaire. Gatsby est de ceux qui organisent de grandes fêtes dans le contexte de la prohibition américaine, démontrant une époque paradoxale où se confrontent une sobriété de vie et une forme de débauche festive la nuit tombée. Cette ambivalence dépeint une société qui fait un peu écho aux années folles européennes. Au milieu de ce décor, l’histoire donc cherche à découvrir le mystérieux Gatsby, dont notre narrateur fait la rencontre lors d’une fête où il est très officiellement invité. Autour viennent gravité plusieurs personnages témoins de l’époque, entre bienséance et folie, un groupe un peu plus à part semblant vivre dans un monde déconnecté. Nick est le cousin de Daisy, qui s’avère au fil des pages être le premier amour de Gatsby, aussi ce dernier manœuvre passionnément pour la revoir en se rapprochant de ce voisin. Cette histoire d’amour, si elle a quelque chose de touchant, est aussi la marque de la dualité de notre personnage, porté par son amour idéalisé, fantasmé pendant tant d’années de séparation, et l’extrême solitude dans laquelle il se trouve malgré un entourage immense. Une solitude dans la fête, dans la foule qui ne le connait finalement pas vraiment, pas totalement. C’est d’ailleurs, tristement le point d’orgue du livre dans la fin de Gatsby, nous démontrant peut-être que la passion absolue n’est pas uniquement qu’une chimère, mais aussi un « deuil éclatant du bonheur ».

Claude Monet-Georges Clémenceau : une histoire, deux caractères, Alexandre Duval-Stalla, éditions Folio, 270 p. (7€70) Article évoquant la lecture du livre.

Treize enquêtes élémentaires de Sherlock Holmes, Arthur Conan Doyle, éditions Librio policier, 20 p. / 348 p. (2€) Lecture de trois enquêtes de notre « bon vieux » Sherlock Holmes pour terminer l’année, je le considère comme le meilleur enquêteur fictif toutes formes de création confondues …


2018 vient de commencer, et le défi lui s’est terminé, mais on repart pour un tour … voici le lien vers la page du défi 52 livres / 52 semaines 2018 (elle se retrouve facilement dans le menu en haut du site !).

Julie G.

 


Laisser un commentaire